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L'Histoire des francophones de Saskatchewan
Pour retracer la présence française dans l’Ouest canadien et sur le territoire actuel de la Saskatchewan, nous devons remonter au XVIIIe siècle, celle-ci étant fortement liée au commerce de la fourrure. C'est à travers la Compagnie de la Baie d’Hudson ou la Compagnie du Nord-Ouest, que des voyageurs parcourent régulièrement les Prairies et le Nord-Ouest. Au fil des rencontres et des contacts avec les peuples autochtones de l’Ouest, certains s'établissent et prennent pour compagne une femme indienne, c’est ainsi que naît le peuple métis. Les anciens campements d'hiver, fondés par les Métis, deviendront des villages. S'ensuivent une évolution démographique et économique constante et l'établissement des colons de langue française à partir des années 1870.
De nombreux colons francophones émigrent dans l'Ouest du Canada à compter de l'année 1885. Cette colonisation massive est le fruit de compagnies de colonisation, d’individus et de l’Église catholique. De 1896 jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la vague colonisatrice de l’Ouest s’accélère à la faveur d’une nouvelle politique de colonisation et d’immigration. En effet, des carreaux de 160 acres, moyennant des frais d’inscription de 10 dollars, sont attribués aux nouveaux arrivants. Des massives campagnes de recrutement sont lancées dans l’Est du Canada, aux États-Unis et en Europe.
L’Ouest canadien devient une mosaïque multiculturelle, mais malgré les efforts de l’Église catholique, la population de langue française se retrouve en minorité. En 1905, lors de la création de la province de la Saskatchewan, la population francophone ne représente que 6 % de la population, dispersée sur l’ensemble du territoire. Cette population est originaire du Québec, de la France, de la Belgique, de la Suisse et même des États-Unis où des canadiens français avaient immigré dans un premier temps avant de s'établir dans les Prairies.
À partir de 1910, un esprit de communauté se dessine et la population de langue française commence à se doter d’institutions pouvant l’aider à se regrouper. Divers journaux tels que Le Patriote de l’Ouest (1910-1941), La Liberté et le Patriote (1941-1971) et l’Eau vive (depuis 1971) apparaissent dans l'environnement médiatique naissant. Toujours dans le secteur des communications, il y a eu la création des stations de radio CFRG à Gravelbourg et CFNS à Saskatoon en 1952. Elles ont été rachetées par Radio-Canada en 1973 et cette société d’État a implanté la télévision française en 1976. Les créations d'associations locales et provinciales pour la population francophone se multiplient afin d'assurer la défense de ses droits et sa vitalité linguistique et culturelle. Elles œuvrent dans les secteurs les plus variés dont ceux de la politique, de l’économie, de la culture, de la jeunesse, de l’éducation et de la justice.
Durant plusieurs décennies, les francophones de la Saskatchewan ont vécu dans un environnement politique et social indifférent, pouvant parfois être qualifié d'hostile. C’est à travers la politique menée sur le plan scolaire, qu’on peut constater le recul des droits de la population de langue française. En 1918, l’enseignement en français est réduit à la première année et à une heure par jour comme matière de la 2e à la 12e année. En 1931, la première année d’enseignement en français est supprimée et il ne reste plus que l’heure où le français est enseigné comme matière. Les années 1960 marquent un renversement de la situation lorsque le gouvernement fédéral adopte des mesures favorables à la langue française, telle que la loi sur les langues officielles en 1969.
Le gouvernement de la Saskatchewan emboîte le pas et à partir de 1968 ses politiques favorisent l’enseignement en français. Toutefois, les francophones obtiennent un véritable système scolaire de langue française en 1993, après des années de revendications, batailles judiciaires et d’importants changements législatifs.